du paquebot au fond de l'océan

Publié le par namkha

   Voici de nombreuses années que j'ai pris la mer. Mon joli paquebot arborait fièrement l'étendard de la liberté. Refusant un monde convenu qui ne correspondait pas à mes aspirations, que je sentais en décalage avec mon éthique, j'ai vogué loin des routes ordinaires, refusant toute concession. Il est temps aujourd'hui de faire le bilan de ce long voyage. Qu'en est-il de cette quête d'une ile utopique, où l'on pourrait être libre de toute souffrance, où ce que l'on est serait plus important que ce que l'on a, où l'on pourrait agir en suivant son coeur plutôt qu'en suivant des codes sociaux aliénants ?

   J'ai fait escale dans de nombreux ports qui semblaient s'approcher de cet idéal. A chaque fois, mon navire s'est fragilisé, et j'ai du reprendre la mer, un peu plus désillusionnée, beaucoup plus délabrée, mais toujours certaine que ce mouillage n'était pas celui que je recherchais.

   Aujourd'hui, mon vaisseau n'est plus qu'un fragile radeau, menaçant de couler à chaque clapotis. Je n'aspire plus a aucune escale. Je reste résignée, ne recherchant plus rien d'extérieur ou de lointain. La seule raison qui me retient de saborder ce dernier esquif est qu'au fil des escales, j'ai embarquée une passagère qui a aujourd'hui 8 ans, et que je ne veux pas la condamner à couler avec moi. Je dois trouver un dernier débarquadère pour elle, et je pourrais enfin entreprendre mon dernier voyage, celui qui me conduira à rejoindre le sein des flots, loin de toute agitation.

Publié dans humeurs de l'instant

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B
tu es unique et précieuse. Merci d'être avec nous sur cette terre qui nous porte.
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S
Namkha , sont attendus tes textes comme un signe de ta présence unique et précieuse. Avec toi.Sylvie
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L
 "Je reste résignée, ne recherchant plus rien d'extérieur ou de lointain. "Lorsque les questions sans réponse se bousculent..et qu'à bout de souffle l'on arrête de chercher ..surgit la vie ..là où , justement, on ne l'attend pas ,cette vie qui nous tend les bras..En un  sourire qui dit : je suis ici où coule ma vie .
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M
Namkha, cette île n'est pas une utopie, parmi tes amis, Lilou en témoigne, Sourire aussi, j'en témoigne aussi à ma façon, garde le contact avec l'esprit, le coeur, ne perd pas la conscience ni la confiance, et si le radeau du passé coule, nage au présent, tout de suite, ici même, sans perdre de temps. C'est ton devoir d'humanité envers toi-même, ceux que tu aimes, et tous les autres. Et continue ton blog, tu écris de beaux textes ("La bête noire", magnifique!) et tes lecteurs t'apprécient!
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